Comment la ferme Lucky Bug cultive des aliments dans un souci d’équité et de durabilité

Photo: Ramona Leitao

Nous nous entretenons avec Aliyah Fraser, de la ferme Lucky Bug, sur des questions relatives au logement et à l’alimentation, sur son travail de représentation défense et d’éducation, et sur ses rêves pour l’avenir de son entreprise et de sa communauté.

La commerçante Square Aliyah Fraser n’avait pas l’intention de devenir agricultrice. Tout d’abord, Aliyah a obtenu un diplôme en études environnementales du programme de planification urbaine de l’Université de Waterloo. Ensuite, elle a travaillé comme urbaniste dans un cabinet d’avocats spécialisé dans l’aménagement du territoire et dans une société de conseil privée. Toutefois, après avoir suivi un programme de mentorat de 12 semaines à la ferme urbaine de Toronto nommée Sundance Harvest, où elle a appris à la fois la culture biologique et la justice alimentaire, elle a eu envie de se diriger vers une carrière en agriculture.

Ici, nous échangeons avec Aliyah sur le fait de posséder et de gérer sa ferme nommée Lucky Bug Farm, des enjeux liés au logement et à l’alimentation, de son engagement en tant que militante et éducatrice et de ses rêves pour l’avenir de son entreprise et de sa communauté.

À propos de Lucky Bug Farm

Lucky Bug Farm est un petit potager rural et durable d’environ 1000 m² situé sur un terrain loué sur les terres du Traité numéro 19 à Hillsburgh, en Ontario. Lucky Bug Farm utilise des méthodes d’agriculture biologique telles que la culture sans labour qui imite les processus naturels afin de cultiver une variété de légumes, de fines herbes et de fleurs. Le terrain, une serre et d’autres infrastructures sont loués à une ferme communautaire appelée Zocalo Organics.

En plus d’utiliser des méthodes de culture écologiques, Lucky Bug cultive en tenant compte du fait que les Noirs, les Autochtones et les autres personnes racisées, la communauté LGBTQ2S+, les personnes handicapées et les personnes à faible revenu continuent d’être marginalisées par notre système alimentaire actuel, géré par les multinationales. Nous reconnaissons également les travailleurs migrants qui travaillent pour approvisionner la section des fruits et légumes de nos épiceries locales et l’exploitation à laquelle ils sont souvent confrontés dans l’industrie agricole. Notre objectif est de créer des espaces pour parler ouvertement, partager des idées et bien sûr, de la nourriture. Ainsi, nous travaillerons ensemble pour construire un avenir plus durable, plus résilient et plus juste.

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À propos de son approche quant au commerce d’aliments cultivés en nature et pourquoi elle préfère le terme « cultivé écologiquement » à celui de « biologique »

Avant de me lancer, je m’intéressais à un type particulier d’agriculture appelé la culture maraîchère. Ce modèle est axé sur la culture à petite échelle et la vente directe au consommateur. On peut dire qu’il est sensiblement l’opposé du modèle que suit la plupart des épiceries. On élimine les distributeurs, les grossistes, tout ce genre de choses, et on vend directement au consommateur. Dans le cas de la culture maraîchère, l’accent est également mis sur l’utilisation d’outils manuels au lieu d’équipements mécanisés. Elle est généralement pratiquée de manière biologique, même si je ne crois pas nécessairement au processus de certification biologique. En fait, j’aime dire que j’utilise des méthodes de culture écologiques, car à mes yeux, ce qui compte, c’est d’imiter la nature. La nature sait ce qu’elle fait, elle n’a pas besoin de mon aide, on doit simplement s’écarter de son chemin et apprendre d’elle.

À propos de son passage de l’urbanisme à l’agriculture

J’ai fait des études pour devenir urbaniste et j’ai travaillé dans ce domaine après avoir obtenu mon diplôme, mais une grande partie du travail que je faisais ne correspondait pas à mes valeurs personnelles. Je pense que l’objectif annoncé de l’urbanisme est de rendre les communautés meilleures, mais en réalité, il s’agit d’aider les personnes qui ont déjà du pouvoir et des privilèges à en tirer profit. Pour moi, il était vraiment difficile d’avoir un point de vue neutre en travaillant pour des cabinets d’investissement en capital et d’autres entreprises qui considèrent le logement comme un investissement plutôt que comme un endroit où les gens sont logés et vivent en communauté. Je pense que le fait d’être dans cet environnement, même pour un bref moment, m’a donné envie de faire une pause. Il y a tellement de pouvoir et d’argent qui circulent ainsi que de systèmes en place qui ont un impact sur la vie des gens, et ce, sans nécessairement que ces personnes s’en rendent compte.

Connaître les rouages de l’immobilier et de l’aménagement du territoire m’a vraiment ouvert les yeux. Je me suis rendu compte que les questions liées au logement et à l’alimentation se chevauchent beaucoup, notamment en ce qui concerne le coût et le degré d’accessibilité. En fait, il s’agit du même phénomène de monopolisation du pouvoir entre les mains d’une poignée d’individus. J’ai réalisé que je voulais faire un travail significatif, où je pourrais voir l’impact direct de ce que je faisais de manière positive. J’aime aussi la nourriture, alors je voulais trouver quelque chose qui rejoignait mes passions pour la nourriture et l’environnement, et pour moi, c’était l’agriculture.

À propos de l’importance de savoir d’où viennent nos aliments

Je veux que les gens réfléchissent aux grandes entreprises qui vendent de la nourriture. Elles font du bon travail en rendant les produits bon marché et pratiques, ce qui est bien, mais est-ce durable sur le plan environnemental? Je pense que la plupart du temps, lorsque les gens vont à l’épicerie, ils ne se rendent pas compte des différentes étapes pour que cette nourriture leur parvienne. Par exemple, dans quelles conditions vivent les travailleurs migrants qui récoltent et transforment les aliments? Je pense souvent au fait qu’aucun de mes parents n’est né ici. Dans une autre vie, ce pourrait être les membres de ma propre famille qui viennent ici pendant six ou sept mois chaque année pour travailler durement, sans être payés convenablement. J’espère que les gens ont commencé à prêter davantage attention à ces questions, particulièrement depuis la pandémie.

À propos de Square et de sa contribution au bon fonctionnement de Lucky Bug Farm

Certaines plateformes que j’ai envisagées étaient du genre : « Engagez un concepteur! Apprenez notre code! », mais j’ai refusé! Je voulais créer quelque chose de visuellement attrayant par moi-même et Square m’a facilité la tâche. Le fait de démarrer avec le plan de base gratuit a été très utile, car je n’avais littéralement aucune rentrée d’argent lorsque j’ai créé le site. C’était une excellente idée de pouvoir commencer par quelque chose de gratuit et d’avoir la possibilité de passer à une formule payante lorsque j’ai voulu avoir mes propres polices et mon propre domaine et ce, sans avoir à changer de plateforme.

Square est simplement formidable pour le marché, car je ne voulais pas de deux plateformes différentes pour le Commerce électronique et la Solution PDV. Je voulais qu’elles soient liées et que je puisse suivre les choses vendues sur mon site Web ainsi qu’au marché à travers la même plateforme. J’adore que Square me permette de le faire. En plus, de nombreuses petites entreprises utilisent Square et j’ai pris cela comme un bon signe. Je me suis dit : « Des entreprises vraiment intéressantes que j’aime utilisent Square et réussissent plutôt bien. Alors, peut-être que je réussirai moi aussi! ». J’aime également ne pas avoir besoin d’une connexion Internet comme c’est le cas avec d’autres systèmes de point de vente.

À propos de ses rêves pour l’avenir de Lucky Bug Farm et de la manière dont elle désire continuer à défendre les intérêts de la communauté

Dans un futur proche, mon rêve est simplement de passer à travers cette saison sans me casser le dos! Mais sinon, j’aimerais que la ferme Lucky Bug propose des articles à valeur ajoutée fabriqués à partir de nos produits, comme des sauces pimentées, des sauces tomate et des salsas, pour commencer. Quant à l’avenir de ma défense des intérêts, pour cette saison, je fournis des boîtes de produits provenant de la ferme à l’organisme Kitchener-Waterloo Community Fridge. Pour l’avenir, j’aimerais aussi faire plus de travail comme Cheyenne Sundance le fait avec Growing in the Margins. Elle a été ma mentore et m’a montré que l’on peut être une jeune femme de couleur qui pratique l’agriculture tout en mettant l’accent sur l’équité.

J’adorerais lancer un programme qui enseignerait aux jeunes collégiens et lycéens marginaux comment cultiver leur propre nourriture. J’aimerais m’associer à un conseil scolaire pour un programme de ce type. Il y a tellement d’espaces perdus dans nos villes, qui sont simplement bloqués par la bureaucratie. Les terrains scolaires permettraient donc de cultiver une bonne quantité de nourriture pendant les mois d’été. J’aimerais aussi offrir des programmes, en particulier aux jeunes filles noires, pour leur montrer qu’elles peuvent cultiver des aliments si elles s’y intéressent et si elles veulent établir un lien avec la terre. C’est l’un de mes nombreux rêves.

Vous trouverez Lucky Bug Farm aux marchés « Kitchener Market » et « Feed Change Market » de Kitchener, en Ontario. Apprenez-en davantage sur la mission d’Aliyah en ligne.